Église Saint-Genest
L’histoire de l’église.
Les origines de l’église Saint Genest sont très anciennes, mais difficiles à dater.
Un sanctuaire chrétien devait exister ici au moins dès le VIIe siècle. C’est en tout cas ce que tend à prouver la présence dans les fondations du chœur de tombes à lauzes, découvertes en 2007, fouillées par le Service régional de l’archéologie et dont les ossements ont été datés entre 650 pour les plus anciens, et l’an mil pour les plus récents.
Mais la première trace écrite mentionnant Arrigas apparaît dans le cartulaire bénédictin de l’abbaye Saint-Victor-de-Marseille au début du XIIe siècle. Ainsi, en 1113, une église « Saint Pierre » d’Arrigas y est mentionnée et, en 1135, un monastère. Cette église romane fut fortifiée au XIVe siècle, pendant la Guerre de Cent Ans, avec l’ajout de deux tours, l’une sur l’entrée et l’autre sur la nef. A la même époque, l’église perd le vocable de Saint Pierre pour celui de Saint Genest, martyr arlésien du IIIe siècle.
Vers 1559, l’église est une première fois en partie détruite par les protestants. Réparée, elle est transformée en temple calviniste jusqu’à ce que les catholiques, largement majoritaires dans le village, n’obtiennent sa restitution vers 1611. En octobre 1625, le duc de Rohan soulève le Languedoc contre Louis XIII et Richelieu. Avant de monter dans le Rouergue, et à la tête des troupes réformées de la viguerie du Vigan, il vient mettre le siège devant l’église fortifiée d’Arrigas et mobilise pour cela 4500 hommes et un canon venu d’Anduze, ce qui nous laisse deviner la puissance de l’édifice à cette époque. L’église est cette fois presque entièrement détruite. Elle sera rebâtie en 1646 et agrandie en 1685. L’essentiel de l’église d’aujourd’hui peut être daté de cette époque.
Seules quelques pierres de taille visibles dans les soubassements du chevet, du côté de la place, peuvent encore rappeler l’origine romane du sanctuaire.
La dernière vague importante de travaux se situe au XIXe siècle. En 1863, les deux chapelles latérales sont construites. En 1885, le campanile est remplacé par l’actuel clocher à flèche. L’église souffre depuis toujours de l’humidité car elle ne possède alors que deux fenêtres. C’est pourquoi, à la même époque, de larges ouvertures taillées en pierres du Pont du Gard, garnies de vitraux néo-romans, sont pratiquées dans les murailles tout autour du bâtiment, ce qui nécessite la destruction des contreforts de la nef, décision qui va fragiliser durablement l’édifice jusqu’à entraîner des lézardes en façade.
Entrée : le trésor.
A droite en entrant, vous découvrez une double porte vitrée : appuyez sur le bouton à droite et le trésor s’éclairera. A noter entre autres :
A droite, déplié sur une aube, un voile huméral en soie jaune, galons et franges en fils d’argent, au motif d’une cathédrale gothique brodée en fils d’argent et de coton multicolores pour la rose centrale : pièce exceptionnelle pouvant être datée de la première moitié du XIXe siècle (romantisme.)
Sur le mur de gauche, une dalmatique de diacre, provenant d’un service pontifical, en drap d’or lamé d’argent : dernier quart du XIXe siècle.
A gauche, sur un porte-manteau, une chape et son étole pastorale en soie brodée main de petits bouquets de fleurs en fil de soie, travail italien de la fin du XVIIIe siècle, remonté sur une doublure et avec des galons du dernier quart du XIXe siècle.
Sur l’étagère de gauche, noter la présence d’un petit ostensoir en métal argenté d’époque Restauration (1815).
A l’arrière-plan, sur le rebord en pierre, l’enfant jésus en cire de la crèche avec les yeux en sulfure et cheveux naturels, le tout sur un lit de paille : travail de couvent, milieu du XIXe siècle.
A l’étagère au-dessus, deux bourses de calices, en soie brodée main, de la fin du XVIIIe siècle.
La nef.
Les bancs des fidèles, en noyer massif, ont été réalisés par un ébéniste local au début du XXe siècle. On peut remarquer les numéros sur plaques émaillées, parfois le nom d’une famille, ce qui nous rappelle qu’autrefois il fallait payer son banc pour assister à la messe.
Tout autour de la nef et dans les chapelles, noter la présence d’un exceptionnel chemin de croix de grande taille, en chromolithographie sur toile, encadrements dorés à la feuille, milieu du XIXe siècle.
A noter sur le mur de gauche un grand tableau, reproduit dans de nombreuses publications et représentant Saint Guiral, ermite très vénéré par les Cévenols car protecteur des troupeaux et des châtaigneraies : œuvre de Camille Firmin, 1850.
Dans la voûte, trois lustres sont suspendus. Le premier, en cristal de verre, est une reproduction récente du modèle initial volé dans les années 1970. Le second est en bronze moulé et patiné, de style néo-roman : deuxième moitié du XIXe siècle. Le troisième, en cristal moulé et laiton repoussé, date de la Restauration.
Chapelle de la Sainte Vierge.
Recouverte d’élégantes boiseries en châtaignier massif.
Remarquer :
A droite, sous la fenêtre en oculus, une statue en bois polychrome doré à la feuilleet qui représente la Vierge Marie esquissant un élégant mouvement de prière, tout en écrasant le serpent sur la voute céleste : fin du XVIIIe siècle.
En-dessous de cette statue est accrochée une grande bannière en soie damassée blanche brodée de fils d’or associant des motifs de roses et de blés : au centre, dans un ovale, la Sainte Vierge est peinte sur toile (deuxième moitié du XIXe siècle.)
Chapelle de Saint Joseph.
Comme celle de la Vierge, la chapelle de Saint Joseph est recouverte des mêmes boiseries et possède un autel en tout point semblable au précédent.
Sur l’autel, la statue de Saint Joseph en carton-pâte doré à la feuille, technique caractéristique de l’artisanat conventuel du XVIIIe et du début du XIXe siècle.
Au milieu de la chapelle, sur une chèvre de bois, le mécanisme de l’ancienne horloge du clocher, daté de 1885, et qui devait être remonté manuellement par le Garde champêtre : à ne surtout pas toucher.
La bannière de Saint Genest : ne subsiste de l’ornement initial que la toile peinte en ovale représentant le saint patron de la paroisse, tenant à la main la palme du martyre. La soie a été remplacée il y a quelques années. De l’autre côté, la toile représente Saint Louis en adoration devant la couronne d’épines : ce détail permet de dater la bannière de l’époque de la Restauration (vers 1815.) Chaque année, la bannière est promenée dans les rues du village en procession, lors de la fête de la Saint Genest, le dernier dimanche du mois d’août.
Le chœur : espace sacré et de prestige.
A gauche, sur le pilier qui marque l’entrée du sanctuaire, la chaire, de style Louis XIII, en noyer massif finement ouvragé de motifs aux feuillages et colonnes torsadées: milieu du XIXe siècle.
Derrière la chaire, à gauche du chœur, la grande croix posée sur la desserte est un embouti sur bois : deuxième moitié du XVIIIe siècle.
A côté du banc des Marguilliers, plantée dans une jarre, une grande croix de procession en bois polychrome doré à la feuille, récemment restaurée, d’époque Restauration. Elle prenait autrefois la tête des processions de la Fête Dieu, rythmées par le tambour de l’appariteur communal.
Le maître autel, récemment restauré, est en bois polychrome et doré à la feuille : le motif central représente la colombe rayonnante de l’Esprit Saint tandis que les pantes de l’autel représentent des feuillages entrelacés : magnifique travail d’ébénisterie et de polychromie de la fin du XVIIIe siècle.
Le tabernacle, en marbre polychrome, date de la même époque. Il est encadré par deux toiles formant retable, représentant sur un mode naïf, à gauche la nativité et à droite l’adoration des mages (école française du XVIIIe siècle).
Au-dessus, une magnifique garniture d’autel baroque, composée de six pique-cierges et de la croix assortie, en laiton repoussé, d’époque Louis XVI (fin du XVIIIe siècle.)
Motifs végétaux et, sur le tripode des pieds, alternance de médaillons enrubannés caractéristiques du style Louis XVI, et de l’agneau reposant sur le livre aux sept sceaux de l’Apocalypse.
La voûte du chœur, en « cul de four », est restée en pierres apparentes suite à la restauration de 2007. Réalisée en blocs de tuf taillés, peut-être du matériau de récupération de l’ancienne église romane, elle peut être datée du XVIIe siècle, période de la reconstruction de l’édifice.
Sous la corniche, en grés jaune régulièrement taillé, les anciennes couches de peinture ont laissé apparaître, pendant les travaux de 2007, le bandeau noir de la « litre seigneuriale », destiné avant la Révolution à supporter les blasons des seigneurs décédés ayant un fief sur le territoire paroissial. Cette litre a été restituée, ainsi que les décors peints dans le style du XVIIIe siècle, en 2009. Les blasons des seigneurs ayant fief sur la paroisse à la veille de la Révolution y ont été repeints, de gauche à droite : d’Assas, de la Valette, d’Albignac, Daudé d’Alzon.