Les processions religieuses
Devant lui, des jeunes filles habillées de blanc jettent sur son passage des pétales de roses. En tête du cortège, le père de Pierre Aurières porte la lourde croix de procession en bois polychromé et aujourd’hui conservée dans la chapelle de Saint Joseph. Derrière lui arrivent les porteurs de bannières: il y a là les bannières de la Sainte Vierge et de Saint Joseph, le drapeau tricolore du Sacré Coeur, le drapeau aux armes de la Papauté et celui aux armes d’Arrigas, enfin la bannière bleue des « vaillantes d’Arrigas ». Le prêtre s’arrête aux deux reposoirs, surchargés de fleurs et de candélabres et prévus à cet effet pour adorer le Saint Sacrement: le premier se trouve devant la statue de la Sainte Vierge qui se trouve à l’entrée du village, côté Aumessas, le deuxième est dressé sur la place, devant la croix du jubilé.
Pour les Rogations, trois processions sont organisées, trois jours d’affilé, qui conduisent le cortège, au rythme des Litanies et des « ora pro nobis », aux croix situées aux trois entrées du village pour bénir les champs et les récoltes.
A cheval entre la fête religieuse et la fête païenne, la Saint Genest, le dimanche suivant le 25 août, offre un résumé de ces fastueuses processions, en même temps qu’elle est une occasion tout à fait profane de faire bombance. Saint Genest, martyr arlésien du IIIe siècle et patron de la paroisse, est célébré ce jour-là, au cœur de la fête votive, à travers une procession dans le village où l’on promène en tête la bannière du saint patron, tandis que les fidèles entonnent l’hymne à Saint Genest, véritable « Marseillaise » des Arrigassins. Cette procession est encore pratiquée aujourd’hui.
La fête de Notre Dame de la Résistance : l’Abbé Martin, curé d’Arrigas pendant l’occupation, installe une statue de la Sainte Vierge dans une grotte (ancien sondage minier) située au-dessus de la route du hameau de Peyraube. Agent de liaison du maquis de l’Aigoual, il dissimule dans son bréviaire les messages secrets destinés à la Résistance et, l’air de rien, en se promenant, vient les glisser dans la Vierge de Peyraube : la nuit venue, les soldats de l’ombre n’ont plus alors qu’à venir les chercher discrètement. Il faudra attendre la Libération pour que l’histoire de l’Abbé Martin soit connue au grand jour, l’occasion d’un pèlerinage à la grotte de Peyraube, tous les 15 août, en remerciement au ciel pour la liberté retrouvée. Paulette Peyre-Basting, se souvient : « quelques jours auparavant, les enfants préparaient des bouquets de fleurs. La procession ne partait pas d’Arrigas, mais de la route en-dessous de la grotte. Tu sais, ce sont des souvenirs… Quand on est enfant, la guerre ça te marque ! » Raymond Martin quitte la paroisse en octobre 1950 et il meurt cinq ans plus tard, victime des mauvais traitements subis dans les camps. Le pèlerinage à la grotte disparaît avec lui. La statue de la Vierge, dégradée par les enfants, est alors rapprochée du village, dans un oratoire érigé à côté du château d’eau. Pendant quelques années, le pèlerinage se poursuit devant ce nouvel emplacement. Vers 1959, avec le départ du dernier curé résidant sur la paroisse, le père Fernand Aubanel, il disparaît définitivement. Grâce aux jeunes du comité des fêtes d’Arrigas, une statue de la Vierge a été rétablie dans la grotte de Peyraube le 16 août 2008, en présence de l’évêque de Nîmes Robert Wattebled. La procession a lieu dorénavant le premier dimanche suivant le 8 mai.