Suzanne et Michel Vincent

Voici, reproduite dans son intégralité, la notice les concernant, trouvée sur le site internet de l’association AJPN (Anonymes, Justes et Persécutés, durant la période Nazie, dans les Communes de France), notice réalisée avec le concours du Comité Français pour Yad Vashem :

« Grand blessé de la guerre de 1914, durant laquelle il avait exercé des fonctions de radio, Gaston Vincent était le fils du pasteur baptiste Aimé Vincent et vivait à Marseille.

En 1941, il fonda une section marseillaise de l’Amitié chrétienne fondée tout récemment à Lyon pour venir en aide aux victimes de Vichy.
En coopération avec l’OSE (Oeuvre juive de secours aux enfants),
Gaston Vincent ouvrit à Mazargues, quartier de Marseille, la Maison d’accueil du Vert Plan.
L’institution abrita sous la responsabilité de
Gaston Vincent des enfants juifs que l’OSE parvenait à faire sortir des camps d’internement et en particulier du Camp des Milles.

En août 1942, un ami brigadier de police, Henri Maurin, prévint
Gaston Vincent de l’imminence d’une rafle de Juifs étrangers. Avec l’aide efficace de son fils ainé Michel, dix-huit ans, il alerta de nombreuses familles menacées, qui prirent la fuite avant qu’il ne soit trop tard.

Le 11 novembre 1942, un général allemand réquisitionna les locaux du
Vert Plan. Il fallut improviser en toute hâte l’envoi en lieu sûr des trente enfants juifs qui y étaient hébergés.
Revêtus d’uniformes de scouts protestants, les enfants furent convoyés jusqu’à
Vic-sur-Cère dans le Cantal.
Gaston Vincent avait organisé le convoi et son fils fit le voyage avec les enfants qui furent accueillis et cachés dans un home installé en hâte dans un bâtiment portant l’enseigne
Touring Hôtel, et dirigé par Suzanne Jacquet.
L'OSE considérait ce home comme un abri transitoire d'où chaque enfant était convoyé ensuite vers une famille d'accueil ou vers la Suisse.

Au
Touring Hôtel, Suzanne Jacquet falsifiait les cartes d'identité des enfants, aidée par les réfugiés les plus âgés, dont Hélène Turner, une jeune Belge de 18 ans, sauvée du camp de Rivesaltes et Ryna Himmelfarb, 17 ans, rescapée d'une rafle à Périgueux.

Suzanne Jacquet prendra ensuite la direction de la pouponnière de Limoges, tenue par l’Amitié chrétienne, que dirigeait l’abbé Glasberg.

Gaston Vincent rejoignit son frère Raymond dans la Résistante où il assuma d’importantes responsabilités.

Gaston Vincent, dit "Commandant Azur" mourut à l'hôpital du maquis de Saint-Martin du Vercors le 25 juin 1944. Son frère Raymond Vincent, dit "Raymond Dick" fut assassiné la même année par la Gestapo.

Après la guerre,
Suzanne Jacquet épousa Michel, le fils de Gaston Vincent, qui avait convoyé les enfants du Vert Plan au Touring Hôtel. »

Gaston Vincent, Michel Vincent et Suzanne Vincent-Jacquet ont reçu la médaille de « Justes parmi les nations » à titre posthume, remise par l’institut Yad Vashem à Jérusalem, le 28 janvier 1986 (numéro de dossier à Yad Vashem : 3338).

L’histoire des Vincent, mal connue à Arrigas, a souvent donné lieu à des confusions, comme cette légende, encore récemment colportée par la presse locale, selon laquelle les religieuses de Peyraube auraient sauvé in situ des enfants juifs. Je n’ai à ce jour trouvé aucun témoignage probant à ce sujet. En revanche, comme me le confirmait récemment Paul Ferrières, d’Aumessas, instituteur à Arrigas puis à Peyraube pendant et après la guerre, les premiers enfants recueillis par le COSOR en 1946 étaient bien souvent des enfants juifs rescapés des camps de la mort, et durablement traumatisés par ce qu’ils avaient vécu, d’où peut-être la confusion opérée avec le temps dans la mémoire de nos anciens…

Les COSOR (Comité des Œuvres Sociales des Organismes de la Résistance), ont d’ailleurs été fondés par un proche des époux Vincent, grand nom de la Résistance, le Père jésuite Pierre CHAILLET. Pierre Chaillet est né dans une petite ferme du Doubs, dans une famille très religieuse de paysans. Élève au petit séminaire de Maîche, puis à Faverney et au grand séminaire de Besançon, il entre dans la Compagnie de Jésus à l'âge de 22 ans et sera ordonné prêtre en 1931. En 1934, il est nommé au collège de Carinthie en Autriche, où il est témoin de la montée du nazisme. En 1939, il publie « L’Autriche souffrante ». Dans ce livre il dénonce les persécutions contre les catholiques et les persécutions antisémites, ce qui lui vaut d’être surveillé de très près par la Gestapo. Déjà conscient des risques de la puissance nazie, c’est en homme averti qu’il entre dans la Seconde Guerre mondiale[].

Dès le début de la guerre, Pierre Chaillet entre au 5e bureau de renseignements. Il est envoyé en Hongrie d’où il apprend la signature de l’armistice du 22 juin 1940. De retour en France en décembre 1940, il reprend l’enseignement à la faculté de théologie de Lyon, il entre en contact avec des chrétiens hostiles au régime de Vichy et au nazisme. Recherché par la Gestapo, il obtient de faux papiers et prend le nom de Prosper Charlier, qui restera son pseudonyme de Résistant.

Sa rencontre avec Henri Frenay, au printemps 1941, l’oriente vers la presse clandestine. Sous le pseudonyme de Testis, il écrit des chroniques religieuses pour « Petites Ailes » et « Vérités », puis il crée l’un des premiers journaux de la Résistance spirituelle : les « Cahiers du Témoignage chrétien[]. » Quatorze numéros se succéderont jusqu‘en août 1944. En mai 1943, il édite un supplément : Courrier du Témoignage chrétien. La particularité de ce journal tient à son aspect spirituel et catholique de la résistance. Par voie de presse, le jésuite dénonce clairement et à l’aide des Évangiles, la politique antisémite des nazis et son danger pour la religion chrétienne et pour l’homme.

À Lyon, avec l’abbé Pierre Bockel et d’autres, il coordonne des activités d’aide aux Juifs et aux victimes du nazisme dans un organisme inter confessionnel, l’Amitié chrétienne, où il s’associe avec l’abbé Alexandre Glasberg (chef du réseau de Suzanne Jacquet). [ (encore un proche des Vincent) ]Cette organisation vient en aide aux populations étrangères en fournissant logements, faux papiers, tickets de rationnement et secours financier. Il mobilise ainsi des bonnes volontés de toutes confessions : juifs, protestants, catholiques. Par ces actions de tous les jours, il pratique le plus beau des héroïsmes, l’humilité.

Il est arrêté en janvier 1943 par la Gestapo, se faisant passer pour un simple curé il est libéré. Placé en résidence surveillée, puis poursuivi par la Gestapo, il leur échappera jusqu’à la Libération.

Pendant la guerre il sauve nombre d’enfants juifs en les faisant passer en Suisse et en Espagne, ce qui lui vaudra d’être honoré par l’Institut Yad Vashem du titre de « Juste parmi les Nations » en 1981. En 1944, il est nommé président du Comité des œuvres sociales de la Résistance (COSOR), il le restera jusqu’à sa mort en 1972.

Les époux Vincent faisaient partie des réseaux clandestins du Père Chaillet, et il leur rendra souvent visite à Peyraube après la guerre, beau témoignage d’un œcuménisme combattant entre catholiques et protestants, aux heures sombres de l’occupation.

L’héroïsme de Suzanne et Michel Vincent, même s’il na pas eu Peyraube pour cadre, méritait d’être rappelé dans cet historique de l’aérium, ce lieu qui leur doit tant et pour lequel Suzanne a consacré une bonne partie de sa vie après la disparition prématurée de son mari.

 

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